texte traduction des évêques allemands ( tiré sur site Synode au quotidien)
Voici une partie du texte des évêques allemands, traduite :
Faire face à la fragilité: rejoindre, discerner et intégrer
Malgré toute la bonne volonté des époux et, malgré toute le soin apporté à la préparation au mariage, il arrive que les relations se brisent. Les gens voient totalement leur projet de vie construit sur cette alliance totalement remis en cause. Ils souffrent parce qu’ils ont échoué et qu’ils ne peuvent plus compter sur leur idéal d’un amour et d’une relation à vie. A cette angoisse viennent souvent se rajouter des préoccupations économiques. Les enfants sont particulièrement touchés par cette rupture. Dans cette situation d’urgence, la mission de l’Église est d’accompagner les gens et de les soutenir. Ce service s’accompagne dans de nombreux cas d’un souci porté par les services de conseil de l’Eglise au parent isolé. Il est donc nécessaire dans cette pastorale quotidienne, ici encore plus qu’ailleurs d’avoir ici une oreille attentive et un cœur ouvert, afin de trouver le chemin « pour les encourager à s’ouvrir à la grâce »(AL Nr. 37)
Donc, nous aimerions aborder la question de réponse ecclésiale à apporter aux gens qui se sont mariés civilement à nouveau après un divorce et qui aspirent à recevoir les sacrement de la Pénitence et de l’Eucharistie. L’indissolubilité du mariage fait partie de l’essentiel de la foi de l’Eglise. Amoris laetitia ne laisse que peu de doute quant à la nécessité de différencier le regard sur les nombreuses situations de vie respective des hommes. « Par conséquent, il faut éviter des jugements qui ne tiendraient pas compte de la complexité des diverses situations ; il est également nécessaire d’être attentif à la façon dont les personnes vivent et souffrent à cause de leur condition ». (AL n ° 296)
Amoris laetitia définit les trois action de rejoindre, discerner et intégrer comme principes directeurs centraux, à partir de la constatation fondamentale: «Personne ne peut être condamné pour toujours, parce que ce n’est pas la logique de l’Evangile » (AL n ° 297). Dans des situations de vie qui sont souvent vécue comme stressantes et pénibles, les personnes concernées devraient être en mesure de savoir que leur Eglise ne les laisse pas tomber. Dans la façon d’aborder la question, il doit être clair que les divorcés remariés sont membres de l’Église, que Dieu ne les prive pas de son amour et ils sont appelés à vivre l’amour de Dieu et l’amour du prochain et à être des témoins authentiques de Jésus-Christ -. Le Saint-Père souligne cet aspect de l’accompagnement quand il dit justement: «Non seulement ils ne doivent pas se sentir excommuniés, mais ils peuvent vivre et mûrir comme membres vivants de l’Église, la sentant comme une mère qui les accueille toujours, qui s’occupe d’eux avec beaucoup d’affection et qui les encourage sur le chemin de la vie et de l’Évangile.»(AL n ° 299)
Ce que le pape veut dire dans ces différentes contextes devient clair quand il déclare dans Amoris laetitia: «
L’Église a une solide réflexion sur les conditionnements et les circonstances atténuantes. Par conséquent, il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘‘irrégulière’’ vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. »(AL n ° 301).
Amoris laetitia n’apporte pas sur cette question une règle générale et ne propose aucune voie qui conduirait automatiquement tous les divorcés remariés civilement à un retour aux sacrements. Amoris laetitia ne néglige ni la lourde responsabilité qui portent beaucoup de gens dans de telles situations de rupture et de l’échec des relations conjugales, ni la problématique de la contradiction qu’apporte un remariage civil aux signes visibles du sacrement de mariage, même si la personne concernée n’est pas responsable de la séparation.
Amoris laetitia ne reste pas pour autant dans l’exclusion catégorique et irréversible des sacrements. La note 336 (à AL n° 300), indique clairement que le discernement « peut reconnaître que dans une situation particulière il n’y a pas de faute grave. », devrait conduire à des conséquences différenciées aussi dans le domaine de l’accès aux sacrements.
Le paragraphe 351 (à AL n°305) souligne également que l’on peut vivre dans une situation qui, si elle est objectivement irrégulière – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement – l’on puisse vivre dans la grâce de Dieu, qu’on puisse aimer, et qu’on puisse également grandir dans la vie de la grâce et dans la charité »(AL n ° 305), lorsqu’on reçoit l’aide de l’Eglise, et dans certains cas recevoir aussi l’aide des sacrements. Ceci est un autre argument en faveur de la possibilité de recevoir les sacrements dans ces situations. Tous les croyants dont le mariage a été rompu et qui sont civilement divorcés et remariés ne peuvent pas recevoir les sacrements sans discernement. Ce qui rend nécessaire des solutions différenciées pour répondre aux cas individuels qui entrent alors en jeu si le mariage ne peut pas être annulé. Nous encourageons dans ce contexte tous ceux qui ont un doute raisonnable sur la validité de leur mariage de prendre contact avec le service des tribunaux ecclésiastiques pour le vérifier de sorte qu’ils puissent, si cela était reconnu, contracter un nouveau mariage à l’Eglise. Nous remercions à cette occasion toux ceux qui travaillent dans les tribunaux ecclésiastiques pour leur engagement discret et pastoral.
Amoris laetitia ouvre un chemin de discernement qui sera accompagné par un aumônier. En supposant que ce chemin de discernement, dans la conscience de tous les acteurs, l’exige expressément, Amoris laetitia ouvre la possibilité de recevoir les sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie.
Dans Amoris laetitia, le Pape François insiste sur l’importance de la conscience, en disant: « Nous avons du mal à présenter le mariage davantage comme un parcours dynamique de développement et d’épanouissement, que comme un poids à supporter toute la vie. Il nous coûte aussi de laisser de la place à la conscience des fidèles qui souvent répondent de leur mieux à l’Évangile avec leur limites et peuvent exercer leur propre discernement dans des situations où tous les schémas sont battus en brèche. Nous sommes appelés à former les consciences, mais non à prétendre nous substituer à elles. » (AL n ° 37).
La fin d’un cheminement spirituel de ce type, dont le sens est toujours vers plus d’intégration, n’est pas à chaque fois la réception des sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie. La décision individuelle d’être ou ne pas encore être en mesure, dans les circonstances particulières, de recevoir les sacrements, mérite respect et attention. Dans le même temps, une décision de recevoir les sacrements doit être respectée.
Il convient donc d’éviter à la fois une attitude de laxisme sans un examen minutieux dans l’accompagnement, le discernement et l’intégration comme une attitude rigoriste qui arrêterait un jugement rapide sur les personnes dans des situations dites irrégulières. Au lieu de ces attitudes extrêmes, le discernement (lat. « Discretio ») doit venir dans un dialogue personnel. Nous voyons comme de notre responsabilité d’approfondir le cheminement de la construction des consciences des fidèles. A cet effet, il est nécessaire de donner des critères à nos aumôniers pour les aider. Ces critères de formation de la conscience, le Saint-Père les donne dans Amoris laetitia en détail et d’une excellente manière (N ° 298-300 AL).
Tant pour les pasteurs et les fidèles les concepts directeurs de rejoindre, discerner et intégrer sont une exigence forte et un défi majeur. Surtout dans la situation d’échec, mais aussi au-delà, les personnes devraient être en mesure de savoir que l’Église les accompagne et les invite à voyager avec elle. « Les Pasteurs, qui proposent aux fidèles l’idéal complet de l’Évangile et la doctrine de l’Église, doivent les aider aussi à assumer la logique de la compassion avec les personnes fragiles et à éviter les persécutions ou les jugements trop durs ou impatients.. » (AL n ° 308) ,
Le Pape François a pris en compte de nombreuses situations dans sa lettre: Que ce soit les parents isolés, les migrants et les familles en fuite, les couples interconfessionnels, interreligieux ou interculturels, les couples dont l’un des partenaires est un croyant et l’autre croit beaucoup moins ou pas du tout, les familles vivant dans la pauvreté, celles qui prennent soin de parents âgés, malades et ou qui réclament une attention particulière, et, non des moindres, le couple qui ne peut pas se décider de se marier, et les couples mariés après leur divorce et leur remariage civil.
Avec certains, nous ne pourrons que marcher ensemble seulement sur une petite distance ou nous pourrons seulement maintenir un contact à distance, nous serons en mesure d’accompagner d’autres de façon plus intensive et certains chemineront avec nous de façon durable. Il ne faut pas nier l’évangile de la famille. »
Nous priverions le monde des valeurs que nous pouvons et devons apporter » (AL n ° 35).
Accompagner les couples en crise, le divorce et le remariage civil, signifie aussi un grand défi et une occasion pour l’Eglise de diffuser sa compréhension du mariage. Nous invitons tous ceux qui souhaitent suivre le chemin du mariage et de la famille avec l’Eglise à approfondir personnellement le chemin proposé par le texte Amoris laetitia et ainsi de découvrir la richesse de l’Evangile de la famille pour leur propre vie. Nous voulons soutenir, encourager et guider tous les conjoints et toutes les familles. Le Saint-Père lui-même nous donne ce chemin: «Tous, nous sommes appelés à maintenir vive la tension vers un au-delà de nous-mêmes et de nos limites, et chaque famille doit vivre dans cette stimulation constante. Cheminons, familles, continuons à marcher ! Ce qui nous est promis est toujours plus. Ne désespérons pas à cause de nos limites, mais ne renonçons pas non plus à chercher la plénitude d’amour et de communion qui nous a été promise.. « (AL n ° 325)
La suite lorsqu’il aura le temps …